Ce site utilise Google Analytics. En continuant à naviguer, vous nous autorisez à déposer un cookie à des fins de mesure d'audience. OK En savoir plus

DPE : les effets pervers des bonnes intentions...

DPE : les effets pervers des bonnes intentions...

Publié le 21/03/2023 dans la catégorie : News

Partager :

DPE : les effets pervers des bonnes intentions...

L’ADEME a publié les résultats « énergétiques » de 3,387 millions de DPE réalisés entre juillet et mi-janvier 2022. Ils sont édifiants concernant les logements les plus mal classés qui devraient être interdits de relocation dans les prochaines années (pour les G dès 2025, pour les F en 2028, pour les E en 2034), les F et G ayant déjà leurs loyers gelés depuis l’été dernier. Les pires DPE en E, F et G représentent plus de… 40 % des logements au plan national. Et cela ne concerne pas que les villages et l’habitat rural puisque Paris atteint ce seuil, dont 20 % du stock classés en G. Le taux monte même à 56 % à Saint Mandé et à 44 % en classe G à Malakoff…

La situation n’est pas meilleure dans les villes de province, y compris dans celles qui se trouvent en secteur tendu.

Une grande partie du parc a été construite avant 1974, année de la première réglementation thermique, et ces logements anciens fournissent le gros du bataillon des mal isolés. Mais appliquer pour les DPE les mêmes critères à nos bâtiments modernes BBC et aux habitats anciens réalisés avec des matériaux et des techniques si différents n’a pas de sens pour des professionnels de l’immobilier. Pour eux, autant comparer la carpe et le lapin, sauf que les DPE sont désormais « opposables » malgré des incohérences dénoncées par des associations de propriétaires-bailleurs. Depuis le début de cette année, près de 200 000 logements en G sont d'ores et déjà interdits à la location. Pour les vendeurs, il faudra fournir à partir du 1er avril un DPE listant les travaux à accomplir. Du moins quand cela est possible, car on ne peut isoler par l’extérieur (une des mesures les plus efficaces) les façades classées par exemple.Sans parler des appartements dans une même copropriété, dont certains sont bien classés de part leur position, et d’autres mal : comment convaincre les premiers propriétaires de faire des travaux alors qu’ils ne sont pas concernés ? Cette situation kafkaïenne issue des nouveaux DPE ne va sûrement pas améliorer l’accès à un toît dans notre beau pays.

Devant les difficultés prévisibles, certains se prennent à rêver d’un nouveau report de l’application des mesures anti passoires thermiques. Vœu pieux ? La commission d’enquête lancée par le Sénat poir mesurer « l’efficacité des politiques publiques en matière de rénovation énergétique » apportera peut-être des réponses...

Jean-Michel Chevalier

Photo de Une : illustration DR